Un proverbe vietnamien raconte : « Oh courge, vous devez avoir pitié de la citrouille. Malgré que vous ne soyez pas de la même variété, vous êtes cultivées au même endroit ». Ce proverbe veut rappeler aux Vietnamiens que le pays compte 54 ethnies et qu’elles vivent sur la même terre malgré des conditions de vie matérielles et spirituelles différentes. Le vivre ensemble et l’entraide sont des valeurs essentielles pour construire la grande nation qu’est aujourd’hui le Vietnam.
Peuple à l’origine hindouiste, les Cham se sont convertis à l’islam sous l’influence des marchands indiens présents en Asie du Sud-Est au XIIIème siècle. Ils suivent un système de castes assez semblable à celui en vigueur en Inde mais ont la particularité d’offrir une position plus importante aux femmes. « Chez les Cham, les enfants portent le nom de leur mère : il ne s’agit plus d’un patronyme, mais bien d’un matronyme. Les soeurs d’une même famille vivent ensemble sous le même toit. Mais c’est la fille cadette qui est désignée comme étant la principale héritière et à qui il incombe donc de prendre soin de ses parents. Les autres filles auront une part d’héritage mais, si elles ont des frères, ceux-ci n’auront rien. » raconte Le Duy Thai du musée de l’ethnographie du Vietnam.
De nos jours, l’ethnie Cham compte environ 130 000 individus. Ils vivent dans les provinces de Binh Thuan, Ninh Thuan et An Giang. Leurs habits ancestraux reflètent une technique de tissage très pointue et un design unique. Chaque couche sociale a une tenue qui lui est propre.
Les premiers Dzao (Yao) sont arrivés au nord du Tonkin il y a plus de 800 ans. Ces paysans nomades habitent dans les montagnes (entre 400 et 1500 m), parfois dans des zones très reculées. Leurs aliments de base sont le riz, le maïs et la patate douce. Ils apprécient aussi beaucoup le vin de riz sucré, qu’ils fabriquent eux-mêmes et qu’ils boivent de préférence dans des bols. Ils ne manquent jamais une occasion d’en offrir à leurs invités. La langue des Dzao forme l’une des cinq familles de langues d’Extrême-Orient.
Généralement, les femmes Yao portent un pantalon court et serré ainsi qu’une longue tunique qui descend jusqu’aux genoux. Les vêtements des hommes sont plus simples : un pantalon de couleur indigo et une chemise à manche longue brodée par leur femme. Les enfants portent quant à eux un bonnet toujours très coloré. La couleur des vêtements varie en fonction de la région où ils vivent. Les Dzao sont en effet répartis en plusieurs sous-groupes : on retrouve les Dzao au pantalon blanc, les Dzao aux sapèques, les Dzao au pantalon serré, les Dzao à la tunique longue, les Dzao verts, les Dzao rouges, les Dzao noirs…
Les Giay résident essentiellement dans les provinces montagneuses de Lao Cai, Ha Giang, Lai Chau et Cao Bang, où ils vivent de la riziculture aquatique et de l’élevage.
Leurs maisons (maisons sur pilotis ou bien maisons de terre) sont construites sur le flanc des collines, au milieu des rizières en terrasses. Ces habitations comportent plusieurs salles, celle du milieu étant toujours réservée au culte des ancêtres et aux invités.
Les femmes Giay portent un pantalon en soie ou en satin noir avec une ceinture rouge. En haut, elles peuvent porter n’importe quelle couleur, à l’exception du blanc.
Bon à savoir : l’ethnie Giay dispose de plusieurs appellations (Dzay, Nhang, Pu Dzay…)
En provenance de Chine, les Hoa sont arrivés par bateau dans le sud du Vietnam au milieu du XVIIe siècle. Fuyant l’avancée des Mandchous, ils ont obtenu le droit de s'installer dans le delta du Mékong. Un siècle plus tard, les Hoa ont créé le marché “Cho Lon” (littéralement “le grand marché”) le long d'un affluent de la rivière de Saigon. Ce dernier constitue désormais le quartier chinois de Saigon. Les Hoa sont très impliqués dans l’agriculture et le commerce et contribuent ainsi largement à l'économie du pays. Cinq congrégations les représentent à Saigon : celles du Guangdong, de Hainan, de Zhaozhou, du Fujian et les Hakkha.
Les Khmers furent les premiers habitants de la région du delta du Mékong et de Saigon. Les noms des villes anciennes ont d’ailleurs une origine khmère : Sa Dec - où vécut Marguerite Duras - vient de "Psar Dek" qui signifie "Marché aux Fers" ; quant à l'ancien nom de Saigon, "Prei Nokor" - la "Ville-forêt" - il est toujours d'usage pour certains Cambodgiens et pour la minorité Khmer Krom ("Khmers d'en bas") du delta du Mékong.
L’ethnie Lolo est originaire du Yunnan, en Chine. Les premiers Lolo sont arrivés au nord du Tonkin il y a environ 400 ans. Au Vietnam, ils sont environ 5 000 et sont divisés en 2 groupes : les Lolo Bariolés et les Lolo Noirs (bourgeois). La maison traditionnelle est construite sur pilotis et accueille en-dessous d’elle les animaux domestiques de la famille : buffles d’eau, vaches, cochons, canards, poules, chiens, chats… Les Lolo Noirs ont la particularité de fabriquer eux-mêmes des tambours en bronze qui servent lors des cérémonies funéraires. Les membres de la familles sont très liés entre eux et habitent le même hameau. Chaque lignée familiale compte plusieurs branches, dont un homme assure le rôle de “chef”. C’est à lui que revient la responsabilité du culte des ancêtres, de la solidarité entre les membres de la famille et de la conservation des tambours sacrés qui permettent la communication entre le monde des vivants et celui des morts.
Les Hmong (ou Mong) sont originaires des régions montagneuses du sud de la Chine et du nord du Vietnam. Ce sont d’excellents chasseurs et cultivateurs (ils cultivent sur de petits lopins de terre encastrés entre les rochers). En référence à leurs tenues vestimentaires, on les appelle les Hmong noirs, les Hmong bariolés, les Hmong verts, les Hmong rouges ou encore les Hmong blancs. Les femmes portent en général une jupe brodée à la main et un chemisier aux manches serrées et ont pour habitude de marcher pieds nus.
Selon les croyances locales, les Hmong reçoivent trois âmes à la naissance : la première leur reste après la mort, la deuxième part vers le royaume de l'au-delà et la troisième est réincarnée.
Avec 1 600 000 individus, les Muong représentent la plus grande ethnie parmi les 53 ethnies minoritaires du Vietnam. Ils habitent dans les provinces de Hoa Binh, Thanh Hoa, Nghe An et Phu Tho. Situé au pied d’une montagne ou bien proche d’une rivière, un village Muong se compose généralement d’une quarantaine de foyers. Tous habitent dans des maisons sur pilotis, sous lesquelles se trouvent les animaux domestiques de la famille (buffles, cochons, poules, vaches…) ainsi que les instruments aratoires.
Les tenues des Muong se composent encore de motifs traditionnels. Les femmes portent un bandeau blanc, un chemisier court, une jupe étroite et longue jusqu’aux chevilles ainsi qu’une ceinture bleue.
Avec un million d’individus, l’ethnie Nung est une des tribus minoritaires les plus importantes au nord-est du Vietnam. Ils se trouvent essentiellement dans les provinces de Cao Bang, Lang Son, Ha Giang, Tuyen Quang et Bac Kan. Les premiers Nung sont arrivées au Vietnam il y a environ 300 ans.
Les Nung cultivent des plantes vivrières (riz, maïs et patates) dans des vallées inondées, ainsi que des arbres fruitiers (mandariniers et plaqueminiers) sur les collines. Ils disposent aussi d’un grand savoir-faire en matière d’artisanat, tel que la menuiserie, le tissage ou encore la céramique.
Les Nung apprécient particulièrement les plats à base de graisse de porc. Lors des fêtes traditionnelles, ils ont pour habitude de manger plusieurs sortes de gâteaux de riz.
La plupart des Nung vivent dans des maisons sur pilotis ; les autres ont construit des maisons entourées de murs de terre. Les cultes ont une place importante dans l’ethnie Nung : ils pratiquent le culte des ancêtres, du génie de la terre, du Bouddha de compassion, des fantômes de porte, des fantômes de plancher… et se donnent aussi à des exercices spirituels en cas de catastrophe naturelle ou d’épidémie.
Les Pa Then habitent essentiellement dans la province de Ha Giang, située au nord du Vietnam, où ils vivent de la culture de riz et de maïs. Les villages se composent en principe d’une trentaine de foyers. Dans les familles Pa Then, la moitié des enfants portent le nom de famille de la mère et les autres celui de leur père.
Les femmes Pa Then ont deux tenues différentes. La tenue quotidienne se compose d’une veste courte et d’une jupe large de couleur indigo. Les jours de fêtes, les femmes sont vêtues de rouge et de jaune avec une tunique longue jusqu’aux mollets et une jupe brodée à la main. Elles entourent aussi leur tête d’un long ruban qui forme une sorte de plateau en tissu.
Les Pa Then pratiquent une fête traditionnelle très originale : « le danser au-dessus du feu ». Après avoir écouté des formules magiques récitées par le marabout, les garçons sautent directement dans le feu. Cette cérémonie a pour but d’exprimer le respect vis-à-vis de leur premier Dieu : le génie du feu.
Les Tay habitent dans les vallées et les basses montagnes du Nord-Est. Grand cultivateurs, ils produisent du riz (culture inondée ou rizières en terrasses), du maïs (sur les pentes raides), des patates douces ou encore des fruits. Les villages Tay se situent souvent au pied d’une montagne ou à proximité d’une rivière. Les maisons sont pour la plupart sur pilotis, avec un emplacement pour les animaux domestiques (buffles, vaches, cochons, poules, canards…) sous le plancher.
L’habit traditionnel Tay est plus simple que celui des autres ethnies. Les femmes portent un pantalon de couleur indigo et une tunique longue aux manches resserrées.
La majorité des Tay pratique le culte des ancêtres et des esprits. Un autel des ancêtres est placé au centre de la maison et les invités ou les femmes enceintes ne sont pas autorisés à s'asseoir sur le lit placé devant cet autel. Le maître rituel joue un rôle très important. C’est notamment lui qui décide de la date de mariage des jeunes, de l’heure de l’enterrement d’un mort ou de la construction d’une nouvelle maison.
Débarqués par la rivière Noire au début du XIe siècle, les Thaï sont les premiers parmi les ethnies minoritaires à être arrivés au Vietnam. Ils ont ainsi pu investir les vallées très fertiles pour y pratiquer la culture du riz inondé.
L’ethnie Thaï compte aujourd’hui environ 1 500 000 individus, qui se répartissent en 2 groupes principaux : les Thaï noirs et les Thaï blancs, ainsi identifiés par la couleur de leur tenue vestimentaire. Les femmes Thaï noires portent un chemisier à col montant et une jupe longue et serrée en velours ou en satin noir. Les femmes Thaï blanches portent quant à elles une jupe noire et un chemisier blanc à col en V.
Toute la vie des Thaï tourne autour de la riziculture. Ainsi, ils fêtent toujours le premier coup de tonnerre de la nouvelle année. Les Thaï sont polythéistes et pensent que la mort est la continuation de la vie dans un autre monde.
